Le moment où les plantes me fascinent le plus est assurément au début du printemps.
Si on est attentif et qu’on regarde de près, on peut voir les vivaces se pointer le bout du nez alors qu’il reste encore des tas de neige dans notre cour.
À moins d’avoir des yeux de lynx, il faut s’agenouiller là où le sol de notre jardin est découvert depuis quelques jours à peine (et encore complètement détrempé de la fonte récente de la neige) pour apercevoir les mini bouts de tige enroulées sur elles-mêmes, qui semblent sortir de terre comme la mèche d’une perceuse souterraine.
La même journée où j’ai pris cette photo ci-dessus d’un de mes hosta, fin avril, j’ai aussi pris la photo suivante, où on voit bien qu’il reste encore de la neige à certains endroits. Mais là où la neige est fondue depuis quelques jours, on voit les vivaces apparaître.
Je me rappelle que le formateur qui m’a enseigné les principes de jardinage avec la permaculture, Wen Rolland, avait expliqué au groupe la vigueur des plantes vivaces en mimant, plein d’enthousiasme, quelque chose qui s’apparentait à un clown jaillissant de sa boite à surprise. À mes yeux, Wen semblait vraiment essayer de « bondir » sans lever les pieds du sol pour nous faire saisir l’importance de la vigueur des vivaces.
Vu qu’à ce moment je n’avais encore jamais eu de jardin à la maison, je ne pouvais pas me visualiser de quoi ça avait l’air concrètement sur le terrain, mais j’avais été marquée de l’image évoquée dans mon esprit par l’enthousiasme de Wen.
Plante vivace vs plante annuelle : quelle est la différence?
C’est assez simple.
Une plante annuelle ne vit qu’une seule année.
Elle fait tout son cycle de croissance en un an: elle est semée au printemps, pousse et fait ses fleurs puis ses fruits durant la saison, et finalement arrive à faire maturer ses graines (à l’intérieur des fruits) avant l’hiver. Les feuilles, les tiges et les racines meurent à la fin de l’été. Donc, en général, le jardinier doit recommencer le cycle à zéro chaque année à partir de la graine.
Une plante vivace vit plusieurs années.
Chaque hiver, la partie aérienne de la plante (tiges et feuilles) meure, mais les racines tombent en dormance. Au printemps, les tiges recommencent à pousser à partir de ces racines. Ce n’est un recommencement de la croissance, parce que les racines, elles, continuent toujours de grandir. Donc, d‘années en années, les plantes vivaces sont de plus en plus grandes et larges.
Pour en savoir plus sur les catégories de végétaux, lisez cet article.
Je me rappelle encore, 1 an ou 2 plus tard, après avoir commencé mon jardin, le jour où j’ai remarqué le « clown qui bondit de sa boite à surprise » pour de vrai, lorsque je ne m’en attendais pas. Dans mon cas, je n’avais pas encore de « vraie » plate-bande de vivaces, mais il y avait quelques hostas répartis de manière aléatoire sur le terrain par les anciens propriétaires de la maison.
Je marchais dans ma cour pour réfléchir à mon design de ma future forêt nourricière quand j’ai eu l’idée de me pencher pour regarder à l’emplacement où je savais qu’il y avait un hosta, Bien sûr, debout, je ne voyais rien, sauf son feuillage mort de la saison passée, à plat sur le sol.
Je me suis agenouillée et j’ai vu ces petites mèches vertes (ou plutôt blanchâtres!) de perceuse. On aurait dit que je ne m’attendais pas à ça, même si je « savais » que ça marchait de même!
Quand on n’est pas encore familier avec la différence entre les plantes vivaces et les plantes annuelles, je peux dire que cette vision est marquante. À ce moment-là, j’ai compris!
Et même encore aujourd’hui, après plusieurs saisons de culture d’expériences, je m’étonne de ces petites mèches vertes à chaque début du printemps.
On dirait que l’hiver, qui dure tellement longtemps en Abitibi, a la faculté d’effacer une partie de notre mémoire, comme elle assainit la vie du sol. En tout cas pour moi.
Dans mon imaginaire, en hiver, je n’arrive plus vraiment à visualiser la vie en croissance. Quand je pense au jardin, j’ai l’impression d’être dans un rêve, où la réalité est floue et les choses ne s’enchaînent pas de façon logique. Imaginer débuter un potager dehors est presque impossible à ce moment pour moi.
Mais au printemps, quand je revois ces vivaces, tout redevient clair dans ma tête.
Mon envie de faire pousser des plantes partout sort des profondeurs elle-aussi.
Encore cette année, en 2020, il y a quelques jours, j’ai revu mes hostas avant la fin du mois d’avril, alors que je surveillais les enfants sur le trampoline.
J’étais encore tellement excitée par cette nouveauté que je me suis écriée « les enfants, venez voir! Les bébés plantes sont arrivés! »
Et nous étions tous rendus à genoux à scruter le sol, à dire « wow, ils sont vraiment tout petits les bébés, on va en prendre soin ».
Sauf que contrairement aux bébés humains, les bébés tiges de vivaces ne demandent pas grand chose! Tout ce dont elles ont besoin, c’est qu’on les laisse pousser à leur rythme, sans les écraser et sans les cacher du soleil.
Cela dit…j’ai rien contre les annuelles, j’adore toutes les plantes!
Mais…j’avoue avoir un faible pour les vivaces.
Oui vraiment….ces plantes sont pour moi celles qui symbolisent la magie du jardinage.
Le commentaire de Christian
co-propriétaire de la maison
Après avoir lu ce texte, mon chum m’a dit: « Tu n’a pas parlé des pivoines?
» Et moi de répondre « Mais les pivoines ne sont pas sorties? »
« Ah non, je voulais dire les rhubarbes! »
Il voulait que je rajoute que, lui, ce sont les rhubarbes qui l’excitent. Elles le fascinent!
Il regarde aussi les fraisiers pousser à tous les jours (oui, les fraises sont des vivaces!). S’il avait écrit cet article, c’est de ces plantes qu’il vous aurait parlé (moi j’ai pensé aux hostas en premier, parce que ça ressemble vraiment à des mèches de perceuses!)
Après que Christian m’ait parlé des pivoines par erreur, je suis allée voir dans la plate-bande où elles sont…et j’ai découvert qu’il y en avait une, mesurant 1 cm environ, bien cachée sous le foin!
Christian qui fouille dans les copeaux pour découvrir les pousses de rhubarbe. « Hiii une autre! Hiii…et une autre! »
Avouez que bébé rhubarbe ressemble un peu à un cerveau! Ses circonvolutions sont un des « patterns » de la nature…un sujet dont je vous reparlerai!
Décidément…observer et photographier les plantes, en particulier les jeunes pousses du printemps, c’est comme une méditation pour moi (chose que j’apprécie particulièrement en cette période de COVID-19. Toutes les photos ont été prises dans la dernière semaine (et les dernières en famille, ce matin même où j’écris ces lignes, le 6 mai 2020).
Avant de terminer, je voudrais mentionner que sauf les pivoines, toutes les plantes dont je vous ai parlé sont comestibles. Il y a beaucoup de plantes de nos plates-bandes qui se mangent! Elles ne demandent qu’à être découvertes 🙂
Je pourrais continuer d’en parler pendant des heures, mais toute chose a une fin. Cet article était mon tout premier ode à la nature. Je continuerai de raconter nos observations de notre jardin en « construction » pour laisser libre cours à notre fascination de la nature dans les prochains articles de la catégorie « Carnet de jardin », si ça vous intéresse…
D’ici là, bon printemps 2020!
Wow!!! Ton article, les photos, le commentaire de Christian, les enfants, les bébés pousses…, tout est inspirant et rafraîchissant! Merci Isabelle xxxx Tu mets de la lumière dans ma vie et tu m’aides à davantage un petit peu plus chaque jour! C’est sûrement pas pour rien que tu es née, effectivement, le Jour de la Terre. Je t’aime. maman